405 lundis à Paris

 

Le jour s’est levé

Autant poser les bases : Nous avons vécu 1/4 de notre infime existence à Paris. Suffisant pour l’appréhender en totalité ? Même pas en rêve. Le problème avec Paris, c’est que tu peux passer 1 mois pour découvrir chaque arrondissement, tu as de quoi recommencer entièrement au bout de 20 mois ! La ville est en mouvement permanent.

Le plus beau lever de soleil c’est sur les champs d’Elysée. La lumière vient caresser les pierres de l’arc de triomphe et les pavés. En venant tôt, il y a un brin de magie dans l’air, un sentiment d’être à un endroit appartenant à tous les humains. A 7h du matin, les flots de touristes ne sont pas encore arrivés, tu es seul avec les monuments multi-centenaires. Seul entre La Défense et la place de la Concorde, avec toutes ces enseignes qui alternent entre « chics classiques » et de plus en plus « ringards-factices-tapes à l’œil ».

Depuis les champs d’Elysée, tu peux commencer ta boucle en descendant la cossue Avenue Kleber jusqu’à la place du Trocadero, vraisemblablement le plus beau point de vue sur la Tour Eiffel et Paris. Petite précision : à ce stade du récit, tu n’as toujours pas croisé un habitant de Paris et c’est normal ! La population locale est composée d’ambassadeurs et riches touristes Chinois et Russes. Les hôtels de luxe font peau neuve depuis plusieurs années dans la capitale, les riches sont toujours plus riches, étalant leur peau de cuivre recouverte de lettres d’or. Malgré tout, même Jean Luc Mélenchon ne pourrait s’empêcher de décrocher un petit sourire d’étonnement en descendant pour la première fois les centaines de mètres séparant le Trocadéro du champ de Mars en passant sous la tour Eiffel.

Parfois, l’homme touche du doigt la grâce architecturale. Il y a plusieurs exemples à Paris, et clairement ce n’est pas le cas du quartier du parc Citroën et de manière général de l’ensemble du XVieme. Si les arrondissements étaient des personnalités, ce dernier serait probablement Angela Merkel : rigoureux, pratique et sans charme. Nous nous y poserons rapidement en arrivant à Paris, rue Sainte Félicité. Nous profiterons pleinement de cette phase de transition entre études, stages et premier CDI, cette période bénie ou tu peux sortir jusqu’à 4h le jeudi soir et aller au travail le lendemain matin sans lunettes de soleil. On traine quelques mois pour finalement se fixer pour 3 ans rue Raymond Losserand dans le XIVieme.

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Paris est une fête

On quitte Angela Merkel pour Nathalie Kosciusko-Morizet, c’est plus jeune, plus frais mais toujours un peu coincé. Nous on s’éclate bien à cette époque, un 38m2 fraichement rénové fait notre bonheur. Nous nous adaptons au rythme de vie parisien grâce à nos premiers salaires de jeunes cadres dynamiques : les pintes pas chères, les sushis, le cinéma du dimanche soir à Alesia et les théâtres de Montparnasse. Dans un célèbre roman (« Je suis Pilgrim »), l’auteur déclare « Il n’y a de plus bel endroit au monde que Paris, quand on a 30 ans ».

A ce moment, nous sommes un peu plus jeune, mais les sorties se font très régulières, notamment dans les XII et XIIIieme arrondissements. Quelle allégresse que ces soirées ensoleillées sur les bords de Seine proche de la bibliothèque François Mitterand ! Quelle joie de payer des pintes de bières 8€ en dansant sur de la « minimale » avec des gens tatoués portant des bonnets de marin et des chemises à carreaux.

Petite parenthèse : Paris n’échappe pas au phénomène d’uniformisation mondiale des cafés et restaurants dans toutes les grandes villes. Pleins de nouveaux établissements ouvrent avec lumières tamisées et filaments apparents, finitions cuivre, cageots accrochés aux murs et serveurs sur-tatoués avec barbe de plusieurs mois. Bref en rentrant tu pourrais être à New York, Sydney ou Berlin.

Passons rapidement sur ces considérations ennuyeuses, et traversons la Seine. Attention, baisse la tête, ne sort pas après 22h et attache ton portable à ton poignet, car tu arrives dans les quartiers … Populaires ! Enfin … tout est relatif. Les arrondissements de l’Est Parisien, le 20ieme et le 19ieme (j’écris désormais en chiffre car je ne voudrais pas mettre dans l’embarras les plus incultes d’entre vous) sont clairement ceux qui évoluent le plus ces dernières années.

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Fluctuat Nec Mergetur

A notre retour du tour du monde, nous errons un peu à Paris, squattant chez amis et famille, en étant refoulé de toutes les visites d’appartement que nous faisons pour cause de double chômage. Se loger à Paris reste un beau parcours du combattant. Les agents immobiliers à Paris seraient capables de vendre du sable dans le désert ! Entre les magnifiques T2 en souplex et les studio avec baignoire sabot de la taille d’une douche, nous allons de déception en déception. Les dossiers pour être retenu nécessitent une page de garde et une recherche de ressources sur plusieurs générations.

Un temps nous avons même pensé acheter, et encore quelques belles anecdotes. Entre l’agent nous décrivant les techniques pour contourner la règlementation fiscale airBnB grâce à une carte bancaire domiciliée à Panama (true story !) et celui qui nous convie à une visite d’un 35m2 avec … 40 personnes, nous avons beaucoup rigolé de dépit.

Finalement, grâce à notre réseau tentaculaire, nous atterrissons à Stalingrad ! Imaginez la neige, les snipers, les tags de faucilles et marteaux … c’est pas du tout cela. Le quartier s’articule entre la populaire Barbes et les buttes Chaumont, autour du bassin de la Villette. Après un premier sentiment mitigé, nous adoptons très rapidement le quartier. La fameuse « gentrification » bat son plein, les bars tendances ouvrent un peu partout, tout comme les auberges de jeunesse nouvelle génération. Paris plage s’est installé depuis quelques années sur les bords de canal.

Le canal de l’Ourcq ouvre une belle perspective sur les villes limitrophes : Pantin, Bobigny. C’est lyrique tout ça, mais ce n’est pas pour autant qu’on y mettra les pieds ! Que de beaux souvenirs, les matchs de l’Euro 2016 au BIM, les pintes à la Rotonde et les soirées Cinéma. Allez, pour rester dans l’analogie politique, on dira que c’est Benoit Hamon : en plein renouveau, vivant et un peu crade sur les bords.

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Quand le jour s’est couché, j’ai réalisé que ce n’était qu’une trêve

On boucle notre tour de Paris dans le quart Nord Ouest en continuant à suivre le tracé de l’ancienne muraille des fermiers généraux (qui correspond aujourd’hui aux lignes de métro 2 et 6). Les  grands boulevards parallèles au boulevard de la Chapelle recèlent quelques pépites comme la fameuse boite de nuit, Le Memphis, dans laquelle nous avons passé quelques soirées léopards.

En prenant un peu d’altitude, on arrive au Sacré-Coeur qui domine la capitale au sommet de la butte de Montmartre. Les néons rouges des bars et des sex shops illuminent les rues autour de Pigalle et le fameux cabaret, le Moulin Rouge. Paris palpite à toutes les heures, c’est ce qui est incroyable dans cette ville : elle ne dort jamais. Il est impossible de se sentir seul à Paris, même si la compagnie n’est pas toujours celle souhaitée.

En passant 7 ans à Paris, nous aurons effleuré une petite partie de cet endroit 15 fois centenaire. Nous avons vécu quelques paragraphes de son histoire : les récents attentats, l’obtention des JO, la victoire en ligue des champions … ah non pas le dernier. Paris c’est une ambiance, une vitalité incroyable qui grouille au sein des bâtiments Haussmanien. Paris est battue par les flots mais ne sombre pas. Nous avons profité des restaurants, des parcs, des cinémas, des musées (un peu moins), des soirées du dernier jeudi du mois, des bords de Seine, des aéroports, de l’A13 (beaucoup moins) et vous savez quoi ? Non ? Bin je vais vous l’dire ! On va continuer…

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3 commentaires sur « 405 lundis à Paris »

  1. Beau récit de toutes ces années parisiennes mais que de belles années à venir avec le retour à la
    « vie caennaise » et toutes ses animations presque parisiennes…
    Et peut-être serez vous un peu occupés pour vos soirées??
    Ravis de vous retrouver près de tous.
    Bonne installation et à bientôt.

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